La surdité, même légère à moyenne, isole et affecte la vie en société. Les relations professionnelles, familiales et intimes s’en trouvent impactées, surtout lorsque le diagnostic n’est pas posé.
Hormis les surdités progressives liées à l’âge, qui ne peuvent être souvent que com-pensées par appareillage, il existe des solutions chirurgicales, pour la grande majorité des problèmes d’audition.
Les causes de surdité
L’oreille est un petit organe d’une grande importance : il est le siège de l’audition et de l’équilibre. C’est un mécanisme complexe, qui comprend l’oreille externe (conduit auditif), l’oreille moyenne (tympan et osselets), et l’oreille interne (vestibule, nerf auditif et cochlée).
La surdité peut être congénitale ou survenir en cours de vie, progressivement ou soudainement. Elle peut toucher une seule oreille ou être bilatérale.
Lorsque la surdité est progressive et bilatérale, elle est le plus souvent liée à l’âge, et peut être compensée par un appareillage.
Si la surdité ne touche qu’une oreille mais est progressive, elle peut être due à une tumeur évolutive appelée neurinome de l’acoustique.
Cette tumeur peut être traitée par voie chirurgicale, (voir la page Otoneurochirurgie).
Plusieurs autres causes peuvent expliquer une surdité, qu’elle soit acquise ou congénitale. Elles sont de deux ordres :
1) Les surdités liées à un problème de transmission : Le signal sonore ne parvient pas à passer de l’oreille externe à l’oreille moyenne.
Elles peuvent provenir :
- D’une malformation ou d’une lésion de l’oreille (tympan ou chaine des osselets),
- D’une obstruction (cérumen ou corps étranger),
- De la présence de liquide derrière le tympan liée à une otite séreuse, ou en-core un traumatisme (par exemple lié à un accident de plongée).
- D’une mauvaise conformation du tympan, un cholestéatome, ou une perforation du tympan,
- Une otospongiose : maladie des osselets provoquant leur dégénérescence et leur sclérose.
Le cholestéatome, tout comme la perforation du tympan, ou l’otospongiose peuvent être traités par voie chirurgicale (voir ci-après).
2) Les surdités liées à un problème de perception : Le signal sonore ne peut être correctement lu par le système auditif, il est donc ni perçu ni interprété par le cerveau.
Elles peuvent provenir :
- D’une pathologie de l’oreille interne, qui peut être congénitale ou liée à une particularité génétique,
- D’un problème vasculaire pour les surdités brutales,
- D’une infection s’étant propagée à l’oreille interne (otite aigüe, méningite),
- De la maladie de Ménière, qui crée également vertiges et acouphènes. Elle peut être traitée par chirurgie du sac endolymphatique (voir page Chirurgie ORL des vertiges),
- D’une exposition à certains agents chimiques, certains antibiotiques, et aux bruits intense (destruction des cellules de l’oreille interne).
Lorsque les traitements médicamenteux des pathologies infectieuses ou virales n’ont pas suffi à restaurer l’ouïe, un appareillage est souvent possible (voir page Implants auditifs).
Chirurgie de l’otospongiose
Qu’est-ce que l’otospongiose ?
C’est une pathologie qui touche uniquement l’os de l’oreille et perturbe son métabolisme. Le renouvellement des cellules ne s’effectue pas correctement, ce qui donne lieu à un remplacement progressif de l’os sain par un os de mauvaise qualité, moins dense et plus spongieux, mais également sclérosé (anormalement rigide).
Du fait de cette nouvelle consistance, les osselets de l’oreille et surtout l’étrier, qui contribuent à la transmission du son, se bloquent progressivement. Leur absence de mobilité entraîne une surdité progressive.
L’ouïe baisse le plus souvent des deux oreilles, parfois d’une seule. Des acouphènes ou bourdonnements peuvent également survenir dans 30 à 80 % des cas. Les crises de vertige sont plus rares. La baisse progressive de l’ouïe peut s’accélérer brutalement.
Diagnostic et causes de l’otospongiose
A l’examen, le tympan est normal, les tests auditifs montrent une hypoacousie de transmission. Le diagnostic se confirme avec un scanner de l’oreille moyenne et in-terne, qui fait apparaître des zones osseuses de moindre densité.
L’otospongiose se déclare en majorité chez l’adulte jeune, rarement chez l’enfant ou la personne âgée.
Le profil le plus fréquent est une femme ayant constaté une baisse d’audition entre 20 et 40 ans, avec des antécédents familiaux d’otospongiose : ce profil permet d’éliminer d’autres causes suspectées.
L’otospongiose touche en effet deux fois plus les femmes que les hommes et se déclenche souvent ou s’aggrave pendant une grossesse. Il existe donc vraisemblablement un facteur hormonal dans cette pathologie, ainsi qu’un facteur héréditaire.
L’otospongiose pourrait également avoir une origine virale, ou auto-immune, ou eth-nique (certaines régions ont une prévalence plus élevée).
Déroulement de l’intervention
Seule la chirurgie peut améliorer les effets de l’otospongiose : le but de l’opération n’est pas d’éliminer l’otospongiose, qui ne se guérit pas, mais d’en contourner les con-séquences.
L’intervention a lieu sur l’oreille la plus atteinte et peut s’envisager à partir de 35% de perte d’audition.
Un trou est percé au laser sur 0,5 mm, dans la platine de l’étrier (partie plate de l’un des trois osselets de l’oreille moyenne). Le chirurgien y place un piston en téflon, accroché à l’enclume (autre osselet), qui permettra à nouveau la transmission des sons jusqu’à l’oreille interne. Une autre technique consiste à retirer tout ou partie de l’étrier et le remplacer par une prothèse.
Cette chirurgie est possible même lorsque la perte d’audition est très avancée.
Ses résultats sont très satisfaisants dans l’immense majorité des cas.
Dans moins de 1% des cas, l’opération peut néanmoins échouer et provoquer une surdité totale et irréversible. Comme pour toute intervention, il existe un risque très marginal d’échec.
Il est à noter que le même type d’opération est effectué en cas d’érosion ou d’absence d’un des osselets (marteau, enclume, étrier).
Si l’intervention est impossible (âge, état de santé, surdité totale des deux oreilles…), ou refusée par le patient, l’appareillage est la solution alternative (voir page Implants auditifs).
Chirurgie du tympan
Le tympan est la membrane située au fond du conduit auditif. Il délimite l’oreille ex-terne (conduit auditif) de l’oreille moyenne.
Le tympan constitue un barrage naturel contre l’eau, les infections ou des corps étrangers. Il est également indispensable à la perception des sons : il en reçoit les vibrations, et les transmet à la chaîne des osselets situés dans l’oreille moyenne.
C’est une membrane fibreuse d’environ 10 mm sur 8, constituée de cellules proches de celles de la peau.
Le tympan peut subir un traumatisme (lié à la pression, au bruit, à une infection ou un corps étranger), qui peut guérir après traitement ou de façon spontanée.
En cas de tympan perforé de façon durable, l’ouïe peut brutalement baisser de 50 %. Des acouphènes sont ressentis et parfois la perforation laisse écouler du pus.
Il est alors nécessaire d’effectuer une réparation chirurgicale.
Les causes de la perforation du tympan
- Otite chronique, même traitée,
- Rétractation du tympan vers l’intérieur de l’oreille, causée par une anomalie de pression,
- Traumatisme (traumatisme crânien accidentel, accident de plongée).
Déroulement de l’intervention
La tympanoplastie n’a pas seulement pour objet de remplacer la membrane du tympan, mais également d’intervenir sur les éléments contenus dans la caisse du tympan : les osselets.
Le tympan perforé fait l’objet d’une greffe de cartilage prélevé sur le patient, et les osselets endommagés sont remplacés en tout ou partie par des prothèses. Ces prothèses ont diverses formes selon les os à réparer, et ne pèsent que quelques milligrammes. L’accès se fait pas le canal auriculaire, ou par voie rétro-auriculaire.
Cette micro chirurgie bénéficie aujourd’hui d’une technologie qui permet de limiter l’hospitalisation à une nuit. Une anesthésie locale péridurale peut éventuellement suffire.
La période de repos post-opératoire dure environ huit jours, elle est déterminante et doit être respectée :
- pas de sport, pas d’eau dans l’oreille, pas d’activité de plein air,
- pas de trajet en avion et TGV,
- se moucher avec prudence et doucement, éternuer bouche ouverte.
Outre le fait de lui restituer la capacité auditive, la tympanoplastie permet de bloquer la survenue ou l’évolution de certaines maladies infectieuses (mastoïdite, infection méningée) en restaurant l’étanchéité de l’oreille.
Chirurgie du cholestéatome
Qu’est-ce que le cholestéatome ?
C’est une tumeur non cancéreuse, qui se développe dans le tympan (c’est-à-dire dans la cavité située derrière le tympan), à partir de débris de cellules de la peau et de kératine. Le cholestéatome peut également croitre dans l’os mastoïde (os situé derrière l’oreille), en l’endommageant.
Le cholestéatome se développe du fait d’une perforation du tympan (perte d’étanchéité), d’otites chroniques, ou d’un traumatisme. Il peut être provoqué par une rétractation du tympan vers l’intérieur de l’oreille, favorisant le développement d’une peau devenant cholestéatome.
Il peut aussi être consécutif à une chirurgie de l’oreille. Plus rarement, il peut être con-génital.
Les débris formant le cholestéatome peuvent s’infecter, et produire un écoulement malodorant dans le conduit auditif. Non traité, le cholestéatome grossit et détériore les cellules et os avoisinants, notamment en les comprimant.
Symptômes et diagnostic
Les symptômes du cholestéatome sont :
- Une perte d’audition, des acouphènes éventuels,
- Une douleur ou sensation de pesanteur à l’oreille,
- Des écoulements de pus malodorant,
- De la fièvre, des maux de tête et des vertiges dans les cas les plus graves
On pratique d’abord un test auditif et un scanner de l’os de l’oreille, afin de confirmer le diagnostic, et fixer le détail de l’opération selon le développement du cholestéatome.
Un cholestéatome non traité peut donner lieu à de graves complications atteignant les os avoisinants (nécrose, fissure), les nerfs (paralysie faciale), le cerveau (compression), et favorise les infections chroniques.
Déroulement de l’intervention
Le but de l’intervention est de retirer les parties endommagées, par incision dans le conduit auditif ou à l’arrière de l’oreille. Une fois la tumeur retirée, on répare les zones osseuses endommagées, par des greffes et/ou des prothèses.
L’intervention dure entre 1 et 4 heures, sous anesthésie générale, mais possiblement en ambulatoire, ou avec une nuit d’hospitalisation.
Le chirurgien utilise un microscope avec détecteur d’approche du nerf facial, pour éviter tout accident.
Lors de l’opération, il est fréquent de découvrir une infection en cours. Dans ce cas il faut attendre la guérison complète de l’infection et un temps de cicatrisation avant de pratiquer la seconde intervention visant à restaurer l’audition (réparation des osselets).
Un suivi régulier doit ensuite être effectué, pour suivre la récupération de l’audition et l’absence de repousse du cholestéatome, cette tumeur pouvant récidiver.