Pourquoi a-t-on le vertige ?

La sensation d’étourdissement, de perte d’équilibre, l’impression de sentir le décor tourner ou se sentir soi-même vaciller, accompagné fréquemment de montées de nausées sont les caractéristiques d’un vertige.

Ce phénomène peut se produire ponctuellement, à tout âge, à cause d’un mouvement brutal, de la prise d’un médicament, d’alcool ou d’une drogue, ou même du fait d’une intense émotion. Il est possible de ressentir un vertige même allongé (comme une sensation d’être en mer).

De façon isolée, c’est un phénomène sans conséquence qui ne doit pas inquiéter.

On peut être sujet à des vertiges pour une cause pathologique connue, comme par exemple après un traumatisme crânien, ou du fait d’une infection virale (dans le cas d’une névrite vestibulaire).

En revanche, la survenue de vertiges de façon fréquente, sans raison identifiée perturbe profondément le quotidien et devient souvent un handicap à de nombreuses tâches quotidienne à la maison ou au travail.

Un bilan pratiqué par un médecin ORL permet le plus souvent d’identifier la cause des vertiges, après avoir éliminé les pistes positionnelles, virales et traumatiques.

Le rôle central du système vestibulaire dans notre équilibre

Le « détecteur » d’équilibre ou de déséquilibre chez l’humain est le système vestibulaire qui se situe dans l’oreille interne, c’est-à-dire au-delà du conduit auditif, du tympan et de la partie osseuse du système auditif (osselets).

Le système vestibulaire est un organe sensible à la pression, qui perçoit les mouvements et la position du corps et contribue à l’équilibre dans chaque posture.

Cet organe est complexe et sensible, composé de tubes et de sacs remplis de liquide, qui servent de capteur pour détecter notre position corporelle : à chaque mouvement, le liquide bouge dans les tubes et l’ensemble du système vestibulaire envoie un signal sensoriel aux neurones en lien avec la commande des yeux et des muscles.

Nous savons ainsi si nous sommes debout ou couché ou penché, où se trouvent le sol et la verticale, en combinant les informations perçues par notre oreille interne, nos muscles et nos yeux.

Les problèmes récurrents d’équilibre ont tous pour origine un désordre vestibulaire. Ils peuvent être aussi associés à des acouphènes, des bourdonnements, ou une surdité partielle ou totale.

Deux interventions chirurgicales peuvent améliorer voire régler les désordres vestibulaires, selon le diagnostic définitif établi après consultation auprès de votre médecin ORL.

La chirurgie du sac endolymphatique

Le sac endolymphatique est un des éléments de l’oreille interne mais qui n’a aucune fonction active dans l’audition. Il est constitué d’un petit appendice situé dans l’os de la tempe, relié au vestibule.

Il régule en principe le volume de liquide dans lequel se trouve une partie de l’oreille interne. Ce liquide est appelé l’endolymphe. L’endolymphe constitue également un barrage immunitaire protégeant l’oreille interne.

Si ce liquide est produit en excès, la pression augmente, l’espace endolymphatique s’élargit et prend plus de place, ce qui cause différents symptômes : vertiges rotatoires (sensation de tourner sur soi), acouphènes, oreille perçue comme bouchée, céphalées (maux de tête).

Ce dysfonctionnement du sac endolymphatique peut être causé par une maladie auto-immune, un virus, un état de fatigue ou de stress, une réaction à un traumatisme sonore. La piste génétique est également à l’étude.

Le sac endolymphatique est également impliqué dans le tableau clinique de la maladie de Ménière, qui provoque un ensemble de symptômes affectant gravement l’équilibre et l’audition.

La maladie de Ménière est une pathologie dont toutes les causes ne sont pas connues, mais dont une des manifestations est un excès de liquide endolymphatique et de pression.

La maladie de Ménière provoque des crises de vertiges et des problèmes d’équilibre, des problèmes d’audition ou de distorsion sonore, et parfois des acouphènes annonçant la crise de vertige.

Cette pathologie est diagnostiquée après un bilan auditif, un IRM et quelques examens paracliniques complémentaires (observation de l’activité du nerf auditif).

Le premier traitement est médicamenteux : diurétique pour éliminer l’excès de liquide, corticoïdes, antihistaminiques. Certains antibiotiques peuvent également fonctionner.

Si ces traitements ne fonctionnent pas, ou pas suffisamment, la chirurgie peut alors être envisagée.

Cette chirurgie est réservée aux formes aigües de la maladie de Ménière ou des symptômes proches, lorsqu’ils sont graves, constants, et ont détérioré l’audition.

L’objectif est de réduire la pression exercée par l’excès d’endolymphe :

  • soit en libérant le sac de son implantation dans l’os,
  • soit en réalisant une ouverture dans le sac afin qu’il se vide régulièrement, grâce à la mise en place d’un mini-cathéter.

L’incision se pratique à l’arrière de l’oreille, sous anesthésie générale pour plus de confort. L’os est découpé pour atteindre et libérer le sac et le canal.

Risques post-opératoires

  • Il existe un risque de paralysie faciale, transitoire le plus souvent, exceptionnellement permanent.
  • Des acouphènes et des vertiges peuvent être constatés après l’intervention, compte tenu de la proximité des structures de l’oreille interne.
  • La cicatrice peut être douloureuse et fibreuse.

A titre plus exceptionnel, il peut être constaté une perte de l’audition, liée à l’ouverture accidentelle du labyrinthe.

Neurectomie vestibulaire

Lorsque les symptômes de vertige et de surdité deviennent invalidants et ne répondent à aucun autre traitement, la dernière option est de sectionner les fibres nerveuses permettant la transmission des informations provenant du labyrinthe (neurectomie). Du fait de l’interruption du message nerveux, les malaises cessent.

Cette opération s’effectue sous anesthésie générale. L’incision et l’abord du nerf pour pratiquer la section peuvent s’envisager selon plusieurs méthodes : le chirurgien choisira la plus adaptée au profil et à la conformation du patient.

Une des voies pour aborder le nerf à sectionner passe par le labyrinthe : elle a pour conséquence une surdité totale et définitive. Cette option est envisagée quand l’ouïe est déjà très amoindrie par la maladie de Ménière et que les malaises et vertiges sont invalidants au point de rendre envisageable cette surdité définitive.

Autres risques

S’agissant des deux autres méthodes opératoires qui n’impliquent pas une surdité définitive, d’autres risques existent néanmoins (comme toute intervention chirurgicale), notamment hémorragique et/ou infectieux.

L’intervention peut également déclencher des névralgies, ou une paralysie faciale, des troubles de l’élocution, une surdité partielle ou complète.

Un entretien avec le chirurgien ORL permettra d’examiner la solution la plus adaptée et l’opportunité d’opérer.